http://tempsreel.nouvelobs.com/depeches/politique/20080414.FABayrou en appelle aux adhérents du MoDem face aux "manoeuvres" de l'Elysée
François Bayrou contre-attaque face aux "manoeuvres" de l'Elysée. Confronté à la demande d'une partie de ses élus de faire revivre l'UDF, le président du MoDem a annoncé lundi qu'il allait demander, avant l'été, aux quelque 60.000 adhérents de son parti de confirmer par un vote sa "ligne d'indépendance" par rapport à l'UMP et au PS.
"J'ai décidé d'en appeler aux adhérents, aux militants et aux sympathisants du Mouvement démocrate", a fait savoir M. Bayrou dans une déclaration solennelle depuis le siège du MoDem. Il a annoncé son intention de leur soumettre un "texte d'orientation" défendant sa "ligne d'indépendance" par rapport aux deux partis dominant la vie politique, et invité "tout dirigeant qui ne serait pas d'accord" à soumettre sa propre motion aux adhérents. Les conditions de cette consultation seront fixées le 14 mai par un conseil national.
Devant la presse, le troisième homme de l'élection présidentielle de 2007 a longuement dénoncé la "manoeuvre" de déstabilisation dont il est victime, et qui vient selon lui de l'Elysée. L'appel de plusieurs élus centristes visant à faire revivre l'UDF, mise en sommeil le 30 novembre dernier au moment de la fondation du MoDem, la participation de Michel Mercier, président du groupe centriste au Sénat, à la première réunion du comité de liaison de la majorité, puis la publication par "Le Monde" d'une note interne à l'Elysée présentant la stratégie de Nicolas Sarkozy pour l'isoler, n'ont selon lui qu'un seul but: "mettre un terme définitif au pluralisme dans notre pays, en éliminant tous ceux qui résistent, et d'instaurer une fois pour toutes le bipartisme à l'américaine".
La manoeuvre consiste selon lui à "cibler un certain nombre d'élus en leur promettant portefeuilles, galons et chamarrures", à "faire revivre l'UDF d'antan en en faisant de nouveau l'allié inconditionnel du parti majoritaire", à "priver" le MoDem de son financement public et à le faire éclater pour obtenir "le plus grand nombre de faux centres de manière à faire croire qu'il n'en existe vraiment aucun". Pour M. Bayrou, qui n'a pas hésité à poser en victime, le but est clair: l'abattre.
Fidèle à sa stratégie, il a donc une nouvelle fois décidé de jouer les militants contre les élus en organisant ce référendum interne. Sûr de le remporter, il a prévenu qu'il quitterait ses fonctions s'il n'était pas suivi par les adhérents. "Cette manoeuvre échouera lamentablement", a-t-il d'ores et déjà prédit.
François Bayrou attend de ce vote une "clarification" une fois pour toutes de la ligne du MoDem. "Je n'accepterai plus ni manoeuvres internes, ni déstabilisation externe, ni le bazar", a-t-il prévenu, invitant ses adversaires à prendre leurs responsabilités s'ils sont mis en minorité. En clair, à quitter le mouvement.
Le président du MoDem a précisé qu'il réclamerait une "délibération claire et tranchée" du bureau de l'UDF qui se réunira mercredi à la demande de ses adversaires. Il a exclu par avance toute résurrection de l'UDF. Selon lui, "le congrès national a tranché clairement" en mettant en sommeil l'ancienne formation centriste. Pas question non plus pour lui de faire du MoDem "un parti à courants".
François Bayrou a affiché sa sérénité sur le financement du MoDem dans l'hypothèse où la majorité des 30 sénateurs centristes le quittent. Les 530 candidats du MoDem aux législatives de juin dernier lui assurent "un peu moins de trois millions d'euros sur quatre millions de budget" annuel. AP