Voici un article du Figaro :
Le PS et le MoDem entre attirance et méfiance
NICOLAS BAROTTE. Publié le 14 septembre 2007Actualisé le 14 septembre 2007 : 07h55
Bayrou veut nouer des alliances au cas par cas, Hollande fixe trois conditions.
SEUL, IL ne pèse pas grand-chose. Mais, allié à la gauche, ou à la droite, le centre n'est plus au centre. Avant de tracer, peut-être, une troisième voie, François Bayrou voudrait maintenir le MoDem sur un point d'équilibre. « Sur tous les grands enjeux du pays, nous sommes coresponsables de l'avenir », veut croire le président de la formation. Mais de part et d'autre de la scène politique, on ne croit guère à ce positionnement et on se demande : où le centre tombera-t-il ?
À la veille de l'ouverture aujourd'hui du « forum démocrate » à Seignosse, dans les Landes, François Bayrou a été reçu hier pendant 45 minutes environ par le chef de l'État, Nicolas Sarkozy. Un entretien « absolument normal », a assuré le président du MoDem. Avant de mettre les choses au clair sur un éventuel soutien : « Ces temps-ci, le président de la République collectionne les trophées que, dans les châteaux, on accroche dans l'escalier. Eh bien ! vous aurez remarqué que je n'ai pas une vocation de bête à cornes. »
Aux prochaines élections, il faudra quand même choisir entre la gauche et la droite. Mais François Bayrou voudrait pouvoir nouer des alliances au cas par cas. « Notre ligne générale sera l'autonomie. Et ensuite, nous étudierons la situation ville par ville », a-t-il expliqué hier dans Sud-Ouest. Le président du MoDem assure que le centre présentera des candidats au premier tour des municipales « dans le plus grand nombre de villes » possible. Bref, il fait mariner la gauche tout en évitant de mécontenter les centristes historiques du Modem, qui penchent plutôt sur leur droite.
Au PS, la question MoDem divise toujours autant. Hier, le premier secrétaire, François Hollande, a rappelé la ligne, sur France 2. Un rassemblement « pourrait aller au-delà » de la gauche « à trois conditions », a-t-il expliqué : « Que ces éventuelles personnalités ou familles politiques acceptent le rassemblement de la gauche, qu'elles se situent dans le cadre de notre projet, qu'elles soient clairement dans l'opposition à Nicolas Sarkozy. »
Sans attendre, socialistes et centristes ont parfois déjà commencé à se parler localement. À Lyon, par exemple. À Paris, Bertrand Delanoë n'a pas exclu la possibilité d'une alliance avec le MoDem. Plus généralement, les partisans de Ségolène Royal, dans la droite ligne de la présidentielle, veulent poursuivre leur politique de main tendue. Leur calcul électoral est simple : au vu des résultats des dernières élections, la gauche ne pourra être majoritaire qu'avec le centre.
«Du côté du plus fort»
Au fond de lui, François Hollande ne croit pas beaucoup dans cette stratégie. « L'électorat centriste va du côté du plus fort », décrypte-t-il en privé. Pas besoin, en conséquence, de rechercher une alliance avec François Bayrou. De toute façon, celui-ci n'en voudrait pas, pense le premier secrétaire. Pour Hollande, Bayrou ne veut rien faire qui permette de renforcer le PS, lui qui espère tirer profit d'une crise entre les socialistes. D'ailleurs, le constat de Bayrou sur le PS est sévère : « Je ne crois pas que le socialisme sera réhabilité ni à court, ni à moyen terme », dit-il dans Le Point.
L'alliance avec le centre a aussi ses opposants farouches : pour la gauche du PS, c'est un casus belli. « L'identité de la gauche ne passe pas par une alliance au centre », a déclaré hier l'ancien ministre Paul Quilès, lors d'une conférence de presse du club Gauche avenir. Au sein du PS, certains sont aussi sévères à l'encontre de ceux qui « maintiennent en vie » un MoDem moribond en parlant de lui.
Devant ses partisans, mercredi, Laurent Fabius a souhaité une « cohérence entre la position nationale et les pratiques locales ». Avant cette mise en garde : « Le risque des accords locaux à la carte, hors toute considération de programme, c'est que le PS encaisse aux prochaines échéances locales et connaisse de gros déboires aux élections nationales. »