Bayrou reproche à Sarkozy une « américanisation » du pouvoir et cherche à connecter l’UDF avec le Modem
18 juillet 2007 - 19:40 Rédaction lavoixdunord.fr
François Bayrou, qui critique durement le président Sarkozy, cherche la bonne solution pour réussir la synthèse entre l’UDF traditionnelle et les quelque 45.000 nouveaux adhérents MoDem arrivés dans la foulée de la campagne présidentielle, synthèse prévue dans un congrès fondateur à l’automne.
Dans un entretien accordé au site Rue89.com, François Bayrou maintient les sévères critiques qu’il avait formulées à l’encontre de Nicolas Sarkozy pendant la campagne. Il reproche au président de mettre en oeuvre une « américanisation » et une « peoplisation » du pouvoir.
La suppression du premier ministre ? «Des blagues »
Le leader centriste marque également son désaccord quant aux récentes propositions institutionnelles formulées notamment par Jack Lang, concenrant la suppression du premier ministre. « Personne ne supprimera le Premier ministre. C’est des blagues. »
Il dit son attachement à « un coordinateur de l’action gouvernementale capable d’exister comme
l’homme qui à la fois organise le travail et en même temps est capable de porter une autonomie en face du président de la
République », que représente pour lui le premier ministre.
Pendant ce temps , de leur côté, les responsables UDF restés fidèles à François Bayrou s’inquiètent. Plusieurs d’entre eux expriment leurs craintes sur la disparition de leur parti au sein du nouveau parti, le MoDem, fondé sur le dépassement du clivage droite-gauche.
Un courant UDF au sein du Modem ?
«L’UDF et le MoDem sont compatibles, mais est-ce que l’UDF est soluble dans le MoDem, je ne crois pas», a déclaré la semaine dernière le président du groupe DF/MoDem à la mairie de Paris, Didier Bariani. Il souhaite le maintien d’une strcture proprement UDF au sein du MoDem pour représenter le centre droit. Sa crainte ? Un départ massif de militants et d’élus locaux UDF.
La fusion au sein du MoDem déplait aussi à ceux qui rêvent d’une reformation de la famille centriste, notamment avec les députés du Nouveau Centre, ces ex-élus UDF qui ont soutenu Nicolas Sarkozy.
C’est le cas de Thierry Benoit, qui est pourtant l’un des quatre députés élus sous l’étiquette UDF/MoDem. «Il faut que tout le monde se retrouve, un François Bayrou, un Jean Arthuis, un Charles de Courson (Nouveau Centre), un François Sauvadet (Nouveau Centre), un Hervé Morin (Nouveau Centre)», déclare-t-il.
Pour lui, l’UDF doit retrouver un positionnement de «modérateur, de pondérateur» au côté de la majorité UMP, sur une ligne permettant de faire revenir les députés partis au Nouveau Centre.
Thiery Benoit ne croit pas à un parti qui aurait une stratégie d’alliance locale, au cas par cas, avec la gauche ou avec la droite, comme le préconise François Bayrou pour le MoDem.
« On n’est jamais nulle part »
Si l’on ne tranche pas sur les alliances, «on n’est jamais nulle part», explique-t-il dit, en prenant exemple sa propre situation : « dans la minorité au conseil général d’Ille-et-Vilaine face à un exécutif de gauche, et dans la minorité à l’Assemblée nationale face à un exécutif de droite ».
Corinne Lepage, présidente du petit parti Cap 21 qui a participé à la création du MoDem, invite elle aussi François Bayrou à la prudence. Et à ne pas décourager ses supporters du centre-droit.
«Si on veut être central, il faut être capable de marcher sur deux jambes», celle du centre-droit et celle du centre-gauche, explique-t-elle,.
Mais François Bayrou, qui ne veut pas s’exprimer publiquement pour le moment, a dit à ses troupes qu’il était opposé à une forme de confédération, voire même à l’organisation de courants dans le futur MoDem.
Le président de l’UDF attend les Assises de la démocratie organisées par l’UDF/Modem du 13 au 16 septembre dans les Landes, et un congrès fondateur du MoDem prévu fin octobre, pour prendre une décision.
«On n’a pas fait tout ce chemin pour ne pas être complètement autonome et indépendant», avertit le sénateur UDF du Val-de-Marne Jean-Jacques Jégou, qui soutient fermement la démarche de François Bayrou.
Pour calmer les inquiétudes à l’UDF, ce dernier propose de garder le nom UDF/Modem. Et qu’il y ait bien «une continuité juridique» entre l’UDF actuelle et le futur parti.
EJ (avec agences)