Le Monde, 22 septembre 2007
Les propos de M. Fillon sur la "situation de faillite" de la France suscitent la polémique
Je suis à la tête d'un Etat qui est en situation de faillite sur le plan financier". Les propos de François Fillon, tenus vendredi 21 septembre en Corse devant des agriculteurs, n'ont pas fini de faire réagir les opposants au gouvernement. Le premier ministre affirma avoir vouloir utiliser "une image" pour expliquer la nécessité de réformes en France.
Mais pour François Bayrou, qui avait axé une partie de sa campagne présidentielle sur la question de la dette, ces propos constituent "un aveu estomaquant" et "une autocritique" après le vote du paquet fiscal. Le gouvernement "a décidé, en contradiction absolue avec le bon sens, de creuser le déficit en dépensant 15 milliards d'euros par an pendant la législature au profit de ceux qui avaient déjà beaucoup" dans le cadre du paquet fiscal voté à l'été, a-t-il dit.
"FAILLITE DE LA DROITE"
"Faillite ? Mais non, certainement pas !", a pour sa part estimé l'ancien premier ministre Lionel Jospin sur France 2. Il a accusé la droite d'avoir fait "exploser la dette" depuis 2002, année où i la quitté le pouvoir. Le Parti socialiste, par la voix de Stéphane Le Foll, bras droit de François Hollande, a réagi en estimant que si faillite il y a, "c'est d'abord la faillite de la politique de la droite depuis 2002". Le gouvernement "a distribué 15 milliards d'euros" avec le paquet fiscal pendant l'été et "il se trouve à l'automne fort dépourvu", a souligné M. Le Foll.
L'ancien premier ministre Dominique de Villepin n'a pas mâché ses mots. Il a été l'un des premiers à réagir, affirmant avoir "laissé l'Etat dans une situation meilleure qu'aujourd'hui". Sous son gouvernement, a expliqué l'ex-premier ministre sur Europe 1, la France bénéficiait d'une croissance supérieure, d'"un chômage qui a baissé de 2 points" et d'"une politique de désendettement qui avait amélioré les choses". "Depuis, on a dépensé beaucoup d'argent, plus de 15 milliards, qui ont aggravé la situation financière".
"Il ne faut pas faire de procès à François Fillon", a ajouté M. de Villepin, disant "comprendre" que l'hôte de Matignon ait voulu "noircir le trait (...) pour des raisons pédagogiques".
Hé bé... si c'est pas un lapsus révélateur ça